La cité des nuages et des oiseaux de Anthony Doerr

Dans les notes d’Anthony Doerr, on peut lire à la fin (en raccourci) :
 » … Je suis redevable d’une oeuvre d’il y a 18 siècles : Les Merveilles d’au-delà de Thulé, d’Antoine Diogène. Il n’en reste que quelques fragments, mais un abrégé du IXème siècle rédigé par le byzantin Photios nous laisse à penser qu’il s’agit d’un ambitieux voyage en 24 chapitres, avec des récits enchâssés qui s’imbriquaient… « 
( Diogène, écrivain grec de l’époque romaine / Photios, patriarche de Constantinople)
C’est ce que nous offre exactement ici Anthony Doerr en version 2022 romancée, après son autre magnifique et puissant roman précédent : Toute la lumière que nous ne pouvons voir. (2014)
Magnifique et puissant La cité des nuages et des oiseaux l’est aussi.
 » Un manuscrit ancien traverse le temps… » : c’est un hommage à l’écrit, aux livres et à la littérature, et qui me fait penser un moment au formidable livre d’Irène Vallejo – L’infini dans un roseau – sur l’histoire des livres et leur
transmission.
Je ne résiste pas à remettre la citation de Stefan Zweig qu’elle avait donné alors :  » Les livres sont faits pour unir les hommes par delà la mort, et nous défendre contre l’ennemi le plus implacable de toute vie : la fugacité et l’oubli. »
On est dedans.
Inutile de résumer de nouveau ce roman (d’autres l’ont déjà très bien fait) et ses multiples personnages dont les histoires s’entrechoquent dans ce récit sur plusieurs périodes : Anna et Omeir dans la Constantinople du XVème siècle, Zeno et Seymour des années 50 à aujourd’hui dans l’Idaho, Konstance dans la capsule spatiale Argos dans un futur très lointain, et en filigrane, la présence d’un manuscrit très détérioré.
De tout ces récits, je trouve celui d ‘Anna le plus intéressant et le plus poignant.
Millefeuille grandiose, grande humanité, récits attrayants, même si au début on est un peu perdu – mais juste un peu – ce roman reste encore une fois un formidable plaidoyer pour la littérature qui ne peut que nous sauver.
Il ne faut pas oublier que dans certaines périodes noires de notre histoire, on a brulé des livres (voir période nazie), et que il y a très peu de temps des livres ont été retirés de l’enseignement aux Etats Unis en 2021 (voir cancel culture).
Anthony Doerr nous régale encore avec La Cité des nuages et des oiseaux.

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