Blog de Littérature de Science-Fiction
Vision Aveugle de Peter Watts
Pour suivre au mieux Vision Aveugle il faut s’accrocher !
C’est de la hard SF, ce que j’apprécie beaucoup en général, néanmoins ici je me perds parfois dans les méandres du récit de Peter Watts qui précise dans ses remerciements à la fin qu’il s’est fait aidé d’un astronome et d’un ingénieur spatial. Je le crois volontiers mais encore une fois on reste un peu aveugle dans tout ce qu’on lit avec les yeux…
C’est peut-être pourquoi d’ailleurs il rajoute après ceux-là de nombreuses notes et références assez utiles pour s’y retrouver.
L’histoire est celui d’un premier contact d’une entité extraterrestre par un vaisseau le « Thésée » composé des cinq personnages qu’on pourrait elles aussi qualifier d’entités : Sarasti qui est le Commandant et un vampire cyberpunk, Amanda une militaire avec ses robots guerriers, Susan linguiste schizophrène, Isaac biologiste modifié, et Siri Keeton au cerveau amputé qui narre le récit, le seul à peu près « humain ».
Le « vaisseau » extraterrestre s’appelle le ‘Rorschach » !
Il faut avouer que l’inspiration de Peter Watts est immense, nourrie, et délirante dans le bon sens du terme.
Le début est accrocheur et quand on tombe sur une réflexion : « Technologie implique belligérance », on ne peut que se questionner sur la nature des aliens rencontrés et sur notre future nature de terriens…
Watts s’interroge sur nos trois positions par rapport à leur existence :
Les Optimistes, les aliens existent et sont gentils sinon ils s’autodétruisent ; les Pessimistes, ils n’existent pas et c’est le paradoxe de Fermi ; les Historiens, pas d’opinion arrêté mais s’il y en a, ils sont méchants.
Il rajoute ensuite une 4ème « tribu », ceux qui n’en n’ont rien à f… !
(je fais ici une courte parenthèse pour exprimer ce que Roland – robot latiniste de mon 2ème roman « Empyrée » – pense à ce sujet : « les extraterrestres ? Tous des psychopathes ! » )
Watts nous parle aussi de la notion de la « chambre chinoise » que j’avais oublié et qui est quelque chose comme le test de Turing que l’on connait.
Bref, il y a de quoi réfléchir.
Le récit s’accélère très nettement lorsque le Thésée rencontre le Rorschach.
Les affrontements avec les aliens et les dialogues entre les cinq sont mordants, tranchants, sombres, terrifiants, longs mais on ne peut plus dynamiques !
Les descriptions sont pour moi en vision aveugle, c’est à dire qu’on n’y comprends pas grand chose en fait, même si cela parait très maitrisé !
On se questionne sur l’humanité, sur les cerveaux, sur la conscience, sur les rapports « humains », sur les IA, sur le vivant ou non…
En tout cas, la création de ses aliens par Peter Watts est impressionnante de qualité et de recherches pointues, son érudition est fantastique, il y a de grands moments de bravoure mais on se perd un peu.
La fin est démente et sans beaucoup d’espoirs.
En fait, il faut peut-être relire ce roman pour l’apprécier à sa juste valeur car
Vision Aveugle reste un très bon roman de hard SF.
Je donnerai la parole à Siri Keeton qui dit presque à la fin :
» Je ne connais la signification de rien de tout cela. »