Le cauchemar de Descartes de Stéphane Charpier

Ce que les neurosciences nous apprennent de la conscience

La conscience et l’émergence de la conscience sont des sujets si vastes et si complexes que nous en parlerons encore pendant des décennies, voire plus, car nous ne sommes pas du tout au bout de nos peines en 2025.
En revanche, grâce aux neurosciences, la compréhension de notre cerveau et de ses neurones a fait un bond.
Le sujet n’est plus philosophique (au revoir le « je pense donc je suis » de Descartes) mais neurologique (bonjour les activités et spécificités de nos cher neurones.
C’est ce que Stéphane Charpier nous explique dans ce livre très documenté.
Et encore, il déplore qu’il n’existe toujours pas UNE théorie scientifique de la conscience !
Il y a quelque chose de plus en nous d’intérieur et d’indicible, nous dit-il, ce sont les qualias
(que j’oserais traduire par « ressentis »)
Le cerveau et le corps sont intimement liés, c’est ce qu’on appelle l’homéostasie (voir aussi les livres d’Antonio Damasio)

Deux dimensions représentent la conscience :
l’état de vigilance (mesurable) et l’aspect phénoménal (non mesurable).
 » Nous possédons tous notre propre espace conscient, et nous n’y occupons jamais deux fois la même position. » nous dit-il.

Le livre prend ensuite un nouvel intérêt : celui de la question du libre arbitre.
Et les conclusions de diverses études sont à ce sujet incroyables : en avons-nous réellement un ?!
Pas sûr :
 » … existence d’un changement de tension électrique dans le cortex cérébral, dont l’amplitude varie selon les régions, se développant lentement d’une à deux secondes AVANT le début de la contraction musculaire… »
Puis :
 » … La découverte majeure était que l’essentiel de cette onde électrique est en relation directe avec la volonté mentale d’agir, et non avec le mouvement lui-même. « 
En clair, notre cerveau agit juste un petit peu de temps avant que l’on lui en donne l’ordre !
Etonnant, non ?
Comme disait Desproges que nous retrouverons à la fin…

Il faut lire ce livre car cela ne servirait à rien que je recopie toutes ses phrases… Mais quand même pour comprendre :
 » La relation retardée entre activité consciente et activité cérébrale est une propriété majeure du fonctionnement cérébral. »
C’est « l’initiation inconsciente d’un acte librement volontaire » (parfois moins d’une seconde).
Tout est parfaitement expliqué et documenté.

Suivent ensuite trois longs chapitres sur les zombis.
Je sais bien que pour expliquer les fonctionnements du cerveau et de ses neurones, il faut étudier toute les maladies et autres épilepsies, et autres EMI afin d’y voir plus clair.
Mais cela m’intéresse beaucoup moins et c’est assez rébarbatif.

Nous arrivons alors à l’épilogue :
La relation de cause à effet neurones —> conscience est unidirectionnelle.
Le contenu de la conscience résulte de la transformation d’informations neuronales.
C’est notre cerveau qui nous gouverne, et sans que la part phénoménale de notre personne ait son mot à dire.
Les phénomènes conscients émergent à partir des propriétés physiques des neurones et du cerveau.

Il est très difficile de relater tout ce qui est décrit et expliqué dans ce livre, mais sa lecture vaut le détour.

Pour finir sur une note plus gaie, trois citations de l’auteur :
* La science consiste à créer des dilemmes pour résoudre des mystères *
(Frank Herbert, écrivain de SF)
* Le superflu n’est inutile qu’à ceux dont le nécessaire est suffisant *
(Pierre Desproges, humoriste))
* « Esse est percipi » : être, c’est être perçu.
(George Berkeley, évêque et philosophe du XII ème)

Rating

Citation finale :
La conscience phénoménale, ce quelque chose en plus en nous qui n’est qu’ne production collatérale de notre cerveau, ne nous gouverne pas, mais elle règne sur notre existence. En être privé, c’est inexister. Savourer sa présence, c’est faire naître la possibilité d’un merveilleux intérieur.

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